La création de l'homme.
Dans le plan divin de la création du monde visible, l'homme prend
la place dominante. Il est simultanément terrestre et en même
temps approche le céleste. Dans la création de l'homme nous
voyons une difference essentielle par rapport aux autres créations
terrestres.
Le conseil de Dieu.
Dieu crée tout ce qui est terrestre seulement par Ses Paroles "Que
cela soit". A la création de l'homme nous voyons que la Sainte
Trinité tient d'abord conseil pour décider comment le créer.
Ce conseil montre la haute signification donné à l'homme
dans le monde. Sa création à l'image de Dieu souligne en
particulier sa haute dignité.
Les détails de sa création.
Il y a aussi d'autres détails de la création de l'homme
qui le distinguent des autres créations terrestres. Le corps de
l'homme est créé d'une matière existante - la terre.
Mais ici, Dieu n'utilise pas seulement Sa parole. Et Dieu façonna
l'homme, poussière prise à la terre, et Il souffla sur sa
face un souffle de vie (Gen. 2,7). Nous voyons pas seulement "la parole",
mais nous voyons la directe action divine "souffla". Dieu élève
l'homme au-dessus de tout le monde terrestre, Il lui donne une âme
immortelle. En l'homme, Dieu réunit le terrestre, le matériel
(le corps) avec le céleste, le spirituel ( l'âme).
La nature de l'âme se distingue complètement du corps. Elle
n'est pas terrestre, rien de terrestre n'étant utilisé pour
sa création par Dieu. Elle est céleste, supranaturel et
grâce à ceci a la prééminence sur tout ce qui
est terrestre. Mais Dieu unit indissolublement l'âme au corps terrestre.
L'âme dirige, guide le corps, mais l'état du corps peut influer
l'âme, peut l'affaibli, même la pervertir.
Le corps - c'est le compagnon de l'âme et son co- participant dans
la vie spirituelle de l'homme.
Arrêtons notre attention sur cette participation du corps dans la
vie spirituelle de l'homme. Dans la prière, l'homme élève
son esprit et son coeur vers Dieu. Mais la prière s'exprime également
dans diverses formes extérieures, comme la génuflexion,
le signe de croix, l'élévation des mains. En jeûnant,
l'homme essaye par l'abstinence de donner libre cours à l'action
de son âme. C'est pourquoi le jeûne comporte un exploit à
la foi spirituel et corporel. Le corps de l'homme se sanctifie par les
Saints Mystères : le baptême, la chrismation, la communion,
l'onction de l'huile béni. Cette indissolubable participation du
corps avec l'âme dans la vie spirituelle de l'homme est soulignée
par les Saints Ecritures. Le Saint Apôtre Paul écrit aux
Corinthiens : Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit
qui appartiennent à Dieu. (1 Cor. 6, 20). Nous lisons également
dans son Epître aux Romains : Offrezvos corps comme un sacrifice
vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part
un culte raisonable (Rom. 12,1). Cette participation corporelle à
la vie spirituelle, qui répond à la signification exaltante
du corps dans la création divine de l'homme, sert aussi de fondement
spirituel, moral et dogmatique à la vénération et
au culte de l'homme glorifié par sa sainteté. C'est pourquoi
nous vénérons les saintes reliques.
La chute dans le péché pour l'Ancien
Testament.
Au moment de sa création, l'homme était doué par
Dieu d'une âme immortelle et de la possibilité de l'immortalité
du corps. L'homme vivait dans un lieu spécialement préparé
pour lui, dans le jardin du Paradis. Là poussait l'arbre de la
vie, par les fruits duquel l'homme maintenait l'immortalité de
son corps.
Mais le diable, jaloux de l'honneur accordé à l'homme, «
déploya des trésors de malice pour priver l'homme de la
bénédiction divine et, le rendant ingrat, le priver de tous
les biens, donnés à lui par l'amour de Dieu pour l'homme
» [St. Jean Chrysostome, Conférence sur le livre de la Genèse,
conférence 16 ]. L'homme succomba à la tentation et transgressa
le seul commandement que lui avait donné Dieu. Cette désobeissance,
qui était possible grâce à la libre volonté
donnée à l'homme par Dieu, transgresse d'une manière
radicale l'ordre divin sur terre.
La chute dans le péché entraîna avec elle de graves
conséquences dans toute la vie de l'homme. St. Jean Chrysostome
s'en effraie ainsi : « Je ne sais comment nous avons inversé
l'ordre et comment le mal s'est accru au point qu'à suivre les
désirs de la chair nous forçons l'âme, elle qui devrait
comme souveraine présider et commander, détrônée,
nous la contraignons à se soumettre à la chair, oubliant
sa noblesse et sa prééminence (sur la chair) » [idem,
conférence 17]. Après la chute dans le péché,
l'homme se soumet plus à ses aspirations corporelles, et en outre
son corps est gâté, humilié par le péché.
Moralement, l'homme n'est plus, seul, en mesure de revenir à son
mode de vie antérieur, à la sainteté. En lui se manifeste
une inclination au péché, il s'écarte de plus en
plus de Dieu et de la vie spirituelle avec Dieu.
Cette rupture avec Dieu de même entraîna avec elle de graves
conséquences physiques. L'homme est soumis au principe de corruption,
qui amène à sa suite la maladie, de grandes peines et enfin,
la mort. La mort sépare l'âme du corps, et cette séparation
laisse le corps sans cette force spirituelle d'où le corps tire
la possibilité d'exister. Sans l'âme, le corps meurt et se
décompose complètement, retournant à la matière
dont il était fait, il revient à la terre. Par les Saints
Ecritures nous voyons que ces conséquences physiques étaient
une punition de l'homme pour ses péchés (Gen. 3,16-19).
Dieu, appellant l'homme à se repentir et n'obtenant pas de pénitence
(par cela est mise en évidence la chute sprituelle, profonde et
s'aggravant toujours, comme conséquence du péché),
punit Adam et Eve par des maladies, de lourdes peines et la mort. Dieu
dit à Eve qu'elle accoucherait dans la douleur et à Adam
sont adressées les paroles suivantes, très importantes pour
notre exposé. A la sueur de ta face tu mangeras ton pain, jusqu'à
ce que tu retournes dans la terre d'où tu as été
pris, parce que tu es terre et que tu t'en iras dans la terre (Gen.
3,19). Nous reviendrons à ces paroles très importantes dans
la suite de notre exposé.
Mais si Dieu punit l'homme, Il fait cela avec beaucoup de bonté.
Comme l'explique l'archiprêtre Michel Pomazansky dans son cours
de théologie dogmatique : « Après la chute dans le
péché, Dieu n'a pas rejeté l'homme-pécheur.
Il ne lui enleva ni Son image, qui le distingue du monde animal, ni la
liberté de sa volonté, ni son intelligence capable de saisir
les principes spirituelles, ni ses autres capacités. Dieu a procédé
avec lui comme un médecin et éducateur. Il couvrit sa nudité
avec des vêtements, Il modéra en lui la présomption,
l'orgueil, les concupiscences charnelles et les passions par des moyens
médicaux : par la peine et les maladies, leur donnant même
un sens éducatif : nous-mêmes nous pouvons observer l'action
éducative de la peine et l'action purifiante des maladies sur l'âme.
Dieu soumit l'homme à la mort physique pour ne pas le livrer à
la mort spirituelle définitive, c'est-à-dire pour que le
principe du péché en lui ne se développe pas dans
des proportions extrêmes, sataniques » (1).
L'homme de l'Ancien Testament, portant dans son corps la corruption du
péché, ayant les pensées les plus affligeantes à
propos de la vie outre-tombe, et ayant besoin de rédemption, de
justification et de délivrance, considerait la chair impure. Dans
sa loi, il était dit : Celui qui touchera un mort, un corps
humain quelconque, sera impur pendant sept jours (Deut. 19,11). Ayant
devant lui une telle mort (corporelle, avec une complète décomposition
du corps, et spirituelle, avec l'âme demeurant en enfer) on peut
comprendre qu'il ne connaissait pas la vénération des reliques.
Mais en même temps il vivait avec l'espérance d'une future
délivrance. Et Dieu tout miséricordieux, soutenant cette
espoir, donne dès l'Ancien Testament les premiers exemples de la
célébration et la vénération des saints restes
des justes, la vénération de leurs saintes reliques. Examinons
quelques uns de ces exemples :
1) Le Patriarche Joseph ordonna de transporter ses ossements dans la terre
promise, ce qui fut accompli par Moïse (Exode 13:19);
2) La vénération des ossements du prophète qui avait
prédit à Jéroboam la destruction des autels de sacrifice
païens ( 4 Rois 23:18)
3) La résurrection du mort au contact des ossements du prophète
Elisée (4 Rois 13: 21)
Le développement de cette vénération atteint un tel
degré que même le vêtement d'un juste possède
une force miraculeuse. Le saint prophète Elie divisa l'eau du fleuve
du Jourdain avec son manteau. L'histoire de l'Eglise fait également
mémoire des saintes reliques du patriarche Zacharie, des prophètes
Samuel, Daniel et de Simeon le Théodoque. Mais le développement
complet et l'acceptation universelle de la vénération des
saintes reliques ne se produit qu'après la Résurrection
corporelle et l'Ascension au ciel de Jésus Christ, où Il
demeure maintenant avec Son Corps très pur.
LE NOUVEAU TESTAMENT.
Avant la chute dans le péché, l'homme vécut une vie
bienheureuse en communion permanente avec Dieu. Mais comme nous avons
déjà vu, la chute dans le péché changea tout
d'une manière radicale, introduisant la prédisposition au
péché dans l'essence même de l'homme, l'aspiration
à une vie terrestre et charnelle. Et l'homme pêcheur n'était
plus dans l'état de corriger cette corruption par ses propres forces,
de retourner à la sainteté pour laquelle il avait été
créé. Pour cela il fallait un homme nouveau, une nouvelle
créature, mais à condition de garder l'ancienne. Une nouvelle
force correctrice devra être versée dans l'homme ancien,
pour établir en lui un corps spirituel éternel, et par cela
vaincre la mort. Cet homme nouveau était le Seigneur notre Jésus
Christ, l'Adam nouveau dans Son Incarnation divine.
Le Sauveur nâquit, préservant en Soi toute la nature humaine.
Il était vrai homme en tout, seulement le péché Lui
était étranger. Jésus Christ était sans péché
et comme la mort est une punition pour le péché, Il ne pouvait
pas mourir. Mais le Christ s'est fait homme pour sauver l'humanité
de la mort. C'est pourquoi Il prend sur Lui-même toute l'humanité
pécheresse et meurt. Avec Lui meurt l'humanité pécheresse
et ressuscite une créature nouvelle. Cette nouvelle créature,
ayant été ressuscitée avec le Christ et par Lui,
triompha dans sa résurrection de la mort et maintenant possède
la vie éternelle non seulement en son âme mais aussi en son
corps, comme dit S. Boulgakov : « Le Christ est réssuscité
dans l'humanité et avec l'humanité » (2).
Malgré le fait que l'homme soit astreiont à retourner à
la terre a cause de ses péchés, il garde un potentiel vital,
semblable à un grain dans la terre. Au moment fixé, ce grain
poussera en un corps éternel transfiguré et l'âme
retournera dans son corps transfiguré pour la vie éternelle
commune.
Jésus Christ, en revêtant la nature humaine, éleva
le corps de l'homme à un hauteur sans précédant.
Etant devenu homme et mourant pour les hommes, le Christ, comme personne
d'autre, glorifia le corps de l'homme par Sa résurrection, puis
par Son ascension et Sa présence éternelle, "siège
à la droite du Père" (6ème article du Credo). Par
l'effet de cet amour, le corps de l'homme a acquis une gloire que même
les chérubins et les séraphims n'ont pas reçue. Dieu
s'est fait homme, non pas ange, ni chérubim, ni séraphim.
Le Père Justin Popovitch remarque que « En ressuscitant,
le Seigneur introduisit un gage de résurrection dans la nature
du corps humain …Depuis cet instant, l'homme sait que le corps a été
façonné pour l'éternité par la Divino-humanité
et que sa vocation divine sur terre, c'est de combattre avec son âme
pour la vie éternelle, combattre avec l'aide de tous les moyens
de la Grâce bienfaisante et, par là-même, de s'approprier
la Grâce, de s'emplir de la Grâce divine, de se transformer
en un temple de l'Esprit Saint, en un temple de Dieu Vivant (3)
».
Après être monté au ciel, Jésus Christ n'abandonna
pas Sa créature nouvellement sauvé. Il envoya l'Esprit Saint
qui établit l'Eglise du Christ sur terre et qui accorde à
l'Eglise tout ses instruments salutaires - les Saints Sacrements. Mais
l'homme est appelé à lutter pour la vie éternelle
avec l'âme et le corps. A la fois le corps et l'âme sont sanctifiés
par les Saints Sacrements. A la fois le corps et l'âme participent
dans la prière, le carême et en général dans
toutes les luttes pour la vie éternelle. Les saints atteignent
un haut degré de succès dans cette lutte. Ils réalisent
le but, la destination de leur vie terrestre, leur corps devient effectivement
"le temple de l'Esprit Saint, le temple du Dieu vivant" (2 Cor. 6, 6-19).
C'est pourquoi leur corps, comme demeure de l'Esprit Saint, sont vénérés
par Dieu et par les hommes. St. Jean Damascène exprime admirablement
cette vérité : « Depuis le moment où Celui
Qui est Lui-même la Vie et l'Auteur de vie fut compté parmi
les morts, nous n'appelons plus morts ceux qui se sont endormis, ont trépassé
dans l'espoir de la résurrection avec foi en Lui, nous ne les appelons
pas des morts. Car comment un corps mort pourrait-il accomplir des miracles
? » [P.Justin Popovitch, article cité]. (…)
Archiprêtre Serge Kotar